Le dimanche 28 avril 1792, en plein cœur de la tourmente révolutionnaire à Marseille, un événement tragique allait marquer l’histoire de la ville d’une manière aussi imprévisible que dévastatrice.
Le printemps venait de poser ses premiers rayons, mais à Marseille, les émeutes étaient plus proches que la douceur des fleurs. Au couvent des Récollets, situé là où se trouve aujourd'hui l'église Saint-Théodore, une scène de calme bucolique contrastait fortement avec la tempête politique qui faisait rage. Pourtant, ce n'était pas la prière qui régnait dans les murs du couvent, mais la poudre à canon. L’édifice, fermé par la Révolution, était devenu un arsenal où canons et munitions étaient entreposés dans les anciennes salles des moines.

La Révolution avait fait naître une nouvelle force : la Garde Nationale, composée de jeunes volontaires. Ces derniers, bien que pleins de bonnes intentions, manquaient d’expérience et d’organisation. De retour d’une victoire à Arles, ils étaient désormais en garnison à Marseille. Désœuvrés, loin de la gloire des batailles, ils se mirent à jouer aux boules, ce jeu provençal qui allait devenir plus tard la fameuse pétanque.

Mais, comme souvent dans les moments de répit, l'insouciance se paye cher. Un boulet dévia de sa trajectoire, ricochant sur les pavés froids du couvent, et fit jaillir une étincelle fatale. En un instant, une explosion d’une violence inouïe secoua le quartier. Le cloître, les annexes, tout s'effondra dans un fracas assourdissant.
Les rues furent emplies de poussière et de chaos, le quartier entier trembla sous l'onde de choc. Au final, ce moment de loisir malheureux coûta la vie à 38 personnes et en laissa 200 autres blessées. La légèreté de ces jeunes hommes, cherchant à se divertir dans un monde en guerre, se transforma en un drame où la révolution, comme souvent, ne faisait pas de distinctions entre héros et victimes !